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NAVI RADJOU – L’innovation frugale au service de la cité intelligente

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Intelligente, frugale, astucieuse… l’innovation, dans tous ses états, était au cœur des débats lors de la conférence « Wise innovation » organisée à Singapour le vendredi 7 octobre, à l’initiative de la Chambre de Commerce (FCCS) et avec le support de Bolloré Blue solution. Au programme, une présentation de Navi Radjou, auteur de « Frugal Innovation- How to do better with less ».  Cerises sur le gâteau : 3 tables rondes consacrées respectivement aux stratégies d’innovation, à la mobilité intelligente (smart mobility), et à la globalisation intelligente (smart globalisation), ou à quelles conditions les « smart solutions » développées à Singapour peuvent être exportées ensuite vers d’autres pays-régions.

Navi Radjou s’est acquis une réputation internationale, comme consultant et conférencier, dans le domaine de l’innovation frugale, auquel il a consacré plusieurs livres parmi lesquels « Jugaad innovation » ou « Innovation frugale – Comment faire plus avec moins ». Intervenant à Singapour le 7 octobre 2016 dans le contexte de la conférence « Wise innovation- a journey  toward smart society » organisée par la Chambre de commerce française (FCCS) – sa présentation avait valeur de stimulant à la réflexion et aux échanges entre des participants venus de multiples secteurs de l’économie pour débattre de l’innovation au service de l’émergence d’une cité intelligente, efficiente et agréable à vivre.

Qu’est-ce que l’innovation frugale ? C’est, en substance, l’art de faire plus avec moins. Navi Radjou fait le constat que l’innovation mobilise souvent des dépenses extrêmement lourdes dont le retour sur investissement n’est pas toujours à la hauteur des attentes. En 2015 les dépenses de R&D cumulées aux Etats-Unis, en Europe et Asie ont représenté un investissement global de 6880 Milliards de dollars US. Mais, indique le champion de l’innovation frugale, ces dépenses sont souvent consacrées « à réinventer la roue » et ne débouchent pas, d’un point de vue systémique, sur des améliorations proportionnelles aux ressources mises en oeuvre. Ainsi, à titre d’exemple, les investissements dans la recherche médicale et pharmaceutiques aux Etats-Unis ne se traduisent-ils pas, dans les chiffres, par la baisse d’un indicateur aussi fondamental que celui de la mortalité infantile. Tout se passe, souligne Navi Radjou, comme si les dépenses de R&D fonctionnaient comme un vaste panier percé. La question propose-t-il est la suivante: pouvons-nous trouver des solutions pour réduire ces fuites ? Et s’il était possible, suivant l’inspiration d’un Lavoisier pour qui « rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme », de considérer l’économie de manière circulaire et de faire plus avec moins, c’est à dire de concevoir des produits et services qui créent plus de valeur tout en consommant moins de ressources.

Né à Pondicherry, Navi Radjou a fait des études à l’Ecole Centrale de Paris et à Yale et vit depuis 1998 aux Etats Unis. L’avantage, indique-t-il, d’avoir grandi dans un pays émergent est qu’il y a été sensibilisé et entrainé dès le plus jeune âge à la pénurie ou la rareté des ressources, certaines aussi vitales que l’eau, et, par conséquent, à trouver des manières intelligentes de faire plus avec moins. Confronté aux insuffisances des efforts de Recherche & Developpement, Navi Radjou ,évoquant son parcours personnel, indique que, à ce stade, il a ressenti le besoin de se reconnecter avec ses racines ; celles d’un environnement dans lequel tout manquait, à l’opposé de celui dans lequel il vit aujourd’hui (à Palo Alto). Les pays émergents, à commencer par l’Afrique, constituent selon lui des territoires privilégiés pour la mise en œuvre d’innovations frugales, dont les résultats peuvent aussi, ensuite, être exportés vers les pays développés.

Faire plus avec moins. La formule met en équation la production de valeur (économie, social, environnement) et les ressources (capital, énergie, temps) mises en œuvre pour l’obtenir. Comme le suggère Navi Radjou, cette formule est intéressante mais pas révolutionnaire quand numérateur et dénominateur sont affectés d’un facteur 1. La démonstration prend une dimension totalement différente quand on imagine des facteurs 10, 100 ou 1000 ( Super disruptive innovation : produire 1000 fois plus de valeur en utilisant 1000 fois moins de ressources). Et Navi Radjou de citer des exemples illustrant la faisabilité de ce type d’innovation, tel qu’un dispositif conçu pour l’Afrique, (cf Photo ci-contre) permettant de remplir les mêmes fonctions qu’un incubateur pour les nouveaux nés prématurés, pour un coût de 20 US$ soit 1% du coût d’un incubateur (2000 US$).

Proposé aux participants à la conférence le concept de Wise innovation, selon Navi Radjou se distingue de sa consoeur, seulement smart, par le fait qu’il s’agit de « comprendre ce que l’on fait ». Un engagement qui invite à reconsidérer la pertinence d’un indicateur tel que le Produit National Brut qui ne prend pas en compte des aspects qualitatifs tels que le développement humain ou les aspects sociaux économiques, et à envisager l’innovation dans le cadre des smart cities, en mettant l’accent non plus simplement sur le confort matériel mais aussi sur la réalisation de son potentiel et des talents et le transfert aux générations futures. Une perspective qui propose de rompre avec la vision de consommateurs passifs pour lui substituer celle de « prosumers », consommateurs actifs, partie-prenantes, par exemple dans le cadre des Makers fairs qui se multiplient, des processus de conception et de réalisation des produits et services.

Proposée dans l’écrin vert de la « cité dans un jardin », l’intervention ne pouvait se terminer sur autre chose que l’invite iconoclaste d’une « learning expedition » au jardin botanique : la Nature comme source d’inspiration. « Dans la Nature, souligne Navi Radjou, tout est partagé. Il y a une sorte de symbiose industrielle. Chaque arbre, par exemple, produit 20 services qui bénéficient à son environnement ».

Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) mercredi 12 octobre 2016
 
Le sujet des smart cities est l’un des centres d’intérêt privilégiés de la FCCS qui compte un comité dédié à ce sujet pour favoriser les échanges d’information, d’idées et d’intérêts dans ce domaine. En 2015, à l’initiative de la FCCS, un portfolio a été réalisé mettant en scène 150 French smart city solutions pour Singapour.
 

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